HUILES ESSENTIELLES ET SAVONS – QUE DIT LA REGLEMENTATION ?

cinq flacons huile essentielle

Galaxie sensorielle d’une richesse fascinante, les huiles essentielles requièrent des précautions d’usage qu’il est important de connaître. La réglementation sur leur utilisation dans les savons est justement là pour vous protéger mais comme elle n’est pas toujours facile à comprendre, on prend le relais et on vous explique l’essentiel.

Vous avez déjà froissé des feuilles de menthe ? Râpé une noix de muscade ? Epluché une clémentine ? Très probablement oui, et vous avez donc mis votre peau en contact avec des huiles essentielles. Vous n’avez pas constaté de rougeurs sur la peau ? Pas de démangeaisons ? Ou pire ? Tant mieux, vous n’êtes pas allergique. Certains n’ont pas cette chance et doivent pouvoir identifier, dans leur savon SAF, les constituants d’huiles essentielles auxquelles ils sont réactifs.

flacon huile essentielle orange menthe romarin et fleur de calendula

Et puis allergie ou pas, de nombreuses huiles essentielles, lorsqu’elles sont surdosées, exposent les utilisateurs à divers risques toxicologiques. Qu’ils se rassurent : il existe un bouclier réglementaire qui leur offre plusieurs niveaux de protection. En voici quelques-uns.

Pour toute huile essentielle, une teneur maximale

La santé avant le plaisir des sens ! La réglementation fixe, pour chaque huile essentielle, sa teneur maximale dans un savon. Ces valeurs limites sont très variables. Des exemples ? Lavande, orange et eucalyptus sont utilisables sans limitation. L’huile essentielle de clou de girofle, elle, plafonne à 0.5%. Quant à l’huile essentielle de cannelle, elle est incorporable à doses homéopathiques : 0.05% au plus. Le savonnier doit donc vérifier que les formules qu’il élabore respectent ces exigences.

ventre femme enceinte

Parfois, le principe de précaution s’applique de façon totale ; d’où cette mention obligatoire sur l‘emballage de tout savon aux huiles essentielles : « Ne pas utiliser chez la femme enceinte et les enfants de moins de 36 mois ». Et en effet, dans ces deux cas, l’utilisation d’huiles essentielles est absolument proscrite.

Signalement des allergènes potentiels

Il s’agit là d’un point réglementaire destiné à protéger les personnes allergiques.

Inspectez la liste des ingrédients d’un savon parfumé. En fin de liste, vous trouvez parfois une suite de noms bizarres du genre linalool, géraniol, cinnamal, limonène… Pourquoi les citer ? Tout simplement parce qu’ils ont été identifiés par des comité d’experts comme des allergènes potentiels. Dans le cas d’un savon aux huiles essentielles, ces noms sont assortis d’un renvoi à la mention « naturellement présents dans les huiles essentielles ».

Le fait qu’une huile essentielle soit un produit naturel ne change rien à l’affaire : les substances citées sont et restent potentiellement allergisantes.

bulletin analyse chromatographique de huile essentielle

Maintenant, rentrons un peu plus dans le détail. Ces noms d’allergènes potentiels (limonene, cinnamal, geraniol…) sont extraits d’une liste officielle qui en répertorie précisément 26 (cf. liste en fin d’article). Tout savonnier digne de ce nom possède les bulletins d’analyse détaillée des lots d’huiles essentielles qu’il utilise, c’est obligatoire. Dès la phase de conception du savon, il doit donc :

  • identifier les allergènes potentiels présents dans les huiles essentielles de ses formules
  • vérifier ceux dont la teneur dans ses savons dépasse les seuils spécifiés par la réglementation
  • et les reporter ensuite sur la liste INCI des ingrédients du savon, en les raccordant à la mention « naturellement présent dans les huiles essentielles »

Et voilà ! Ainsi avertie, la personne allergique n’a plus qu’à choisir le savon qui lui convient avant de s’abandonner en toute sérénité au plaisir de la douche.

liste ingrédient inci sur emballage carton blanc
homme souriant torse nu sous cascade d'eau

Le visa du toxicologue

Tout savon destiné à être commercialisé passe par l’étape du DIP : le Dossier d’Information Produit. C’est, en résumé, le pedigree complet du savon, rédigé par le savonnier lui-même jusque dans les moindres détails. Le tout est ensuite examiné à la loupe par un toxicologue professionnel qui, en engageant sa responsabilité, valide le dossier… ou le retoque en précisant pourquoi.

Précisions utiles ?

Il est vrai que tous les goûts sont dans la nature. On peut quand même être surpris par cette mention figurant sur l’emballage des savons, qu’ils soient natures ou aux huiles essentielles : « Ne pas ingérer ». Ce qui va de soi va encore mieux en le précisant, n’est-ce pas ?

Enfin, dernière précision : « En cas de contact avec les yeux, rincer abondamment ». Eh oui, le savon ça picote les yeux !

EN RESUME

Vous l’aurez compris : le savoir-faire de l’artisan savonnier ainsi que la réglementation veillent sur votre santé. Alors, lisez attentivement les listes d’ingrédients et laissez-vous aller au plaisir onctueux des savons SAF (Saponifiés à Froid) parfumés aux huiles essentielles !

Restez toutefois vigilants car les savons sont loin d’être tous vertueux.

flacon d'huile essentielle dans une main

Annexe – Liste des 26 allergènes potentiels

alpha-isomethyl ionone, amyl cinnamal, amylcinnamyl alcohol, anise alcohol, benzyl alcohol, benzyl benzoate, benzyl cinnamate, benzyl salicylate, butylphenyl methylpropional, cinnamal, cinnamyl alcohol, citral (geranial + neral), citronellol, coumarin, eugenol, farnesol, geraniol, hexyl cinnamal, hydroxycitronellal, hydroxyisohexyl 3-cyclohexene carboxaldehyde, isoeugenol, limonene, linalool, methyl-2 octynoate, Evernia prunastri extract (oak moss), Evernia furfuracea extract (tree moss).